18 juillet 2011

Gilles Vigneault : Quand les mots se jouent de nous…

Morceaux choisis

À propos de la création

« […] quand on est un peu plus vieux […] on apprend que c’est grave ce qu’on fait [la chanson], que ça peut semer la bisbille ou semer le bonheur, que ça peut guérir, sortir un enfant d’un coma, que ça peut faire des choses extraordinaires, que ça peut aider les gens à vivre ou à mieux vivre. Et alors, on connaît mieux, plus vieux, les récompenses qui sont toujours beaucoup plus énormes que le cachet et les responsabilités. On connaît mieux les tenants et aboutissants de ce métier. Et, au début, on est épaté par les applaudissements et, plus tard, on est beaucoup plus épaté par ce que les gens nous disent après. »

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« L’inspiration, redéfinissions-la selon la même méthode de Valéry qui disait : “Ah, de l’inspiration, si, si, si, un pour cent ; quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration.” J’aime bien cette définition. »

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« C’est comme si la chanson, tant qu’elle n’est pas finie, tant que les paroles ne sont pas terminées, elle est comme toute enveloppée. Puis la musique vient enlever les vêtements, et la voici comme toute nue et beaucoup plus exposée, alors qu’on croirait que la musique l’habille. Ce n’est pas mon point de vue. »

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« Avoir le goût de faire des choses, c’est presque avoir du talent automatiquement. Alors, c’est une envie de dire, c’est une envie de communiquer, c’est une envie de se nommer. On est tous les soirs en train de dire : “Heille…j’existe ! M’as-tu vu ?” L’expression est bonne : “M’as-tu vu ? M’as-tu remarqué ? As-tu remarqué mon existence ? ” »

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« C’est un menteur qui croit ses menteries, un conteur. Mais ce n’est pas mentir tout ça, ce n’est pas du mensonge. […] Moi, je dis souvent : “Je ne mens pas, j’agrandis la vérité pour que la voyiez de plus loin. C’est tout.” C’est l’art du conteur, à mon point de vue. Agrandir la vérité ou embellir la vérité pour qu’on la remarque davantage. Il y a les femmes qui s’embellissent avant de sortir, eh bien, aux dernières nouvelles, ça marche ! »

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« Je gagne ma vie à monter en scène. Ça ne veut pas dire que je chante bien, ça ne veut pas dire que je suis content quand je fausse. Quand je fausse, ce n’est pas par manque d’oreille, c’est par manque de moyens vocaux, mais j’ai de l’oreille, les pianistes vous le diront. Et quand mes moyens vocaux me le permettent, je chante juste. Bon. Et puis, j’ai un registre assez large aujourd’hui, à force de chanter, fabricando fit faber, hein, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Alors, à force de chanter, j’ai fini par acquérir du volume. »

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« C’est vraiment du travail, mais du travail intéressant. Qu’on a de la chance de faire ce métier-là ! D’abord, un métier qu’on aime faire, ensuite, un métier pour lequel on est récompensé au-delà de nos mérites, c’est-à-dire, on est payé pour le faire, mais en plus, on est applaudi pour le faire. Il y a bien des politiciens, des politiciennes qui nous envieraient, avec raison. »

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« Non, je n’ai pas de recettes, je ne suis pas capable de vous dire : “Pour faire une chanson, il faut telle et telle et telle chose, tel ingrédient.” Parce que les ingrédients changent continuellement dans la vie, et puis, les ingrédients qu’on trouve pour faire une chanson, ils [se] trouvent à partir du moment… ils commencent à changer à partir du moment où on a fini le premier couplet. [La chanson] évolue d’elle-même. C’est comme dans les personnages de roman, il y a un moment où le personnage, il décide de ce qu’il va faire. C’est lui qui dicte à l’auteur ce qui va arriver dans le prochain chapitre. […] mais pour le faire arriver dans le prochain chapitre, là, il faut écrire le chapitre précédent. Et là, il y a de l’ouvrage ! L’ouvrage de construire un personnage, comme on construirait un golem, comme on construirait un épouvantail, de manière à ce que ça fasse peur aux oiseaux, vraiment, et que le corbeau ou la corneille ne vienne pas s’en moquer en éparpillant la paille de son chapeau. »

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« Une chanson, d’abord, c’est très exigeant parce que c’est un tout petit opéra qu’on fait. On veut, la plupart du temps, raconter une histoire qui se tienne debout, mais avec de la musique et des paroles […]. Une chanson exige, à mon point de vue – il y a d’autres points de vue là-dessus, et je les respecte tous – mais une chanson exige la métrique, la prosodie, la rythmique, la rime, et exige d’avoir une forme et de retrouver, de faire retrouver cette forme-là dans les autres couplets. Bon. Puis une chanson demande souvent qu’on ait un refrain. »

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« L’écriture d’une chanson, d’un conte, d’un poème, d’une comptine en particulier, c’est vraiment très près du jeu. On croit jouer avec les mots, quand les mots se jouent de nous. »

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« […] on n’a pas toujours tant à dire qu’on croit, mais c’est parce qu’on a toujours l’impression qu’il y a quelqu’un à qui on ne l’a pas dit, et on a raison, il y a toujours quelqu’un à qui on n’a pas dit ce qu’on avait d’important à dire sur la terre. Et ce qu’on a d’important à dire sur la terre, ça se résume en peu de mots, et beaucoup de gens, beaucoup de monde l’ont dit avant nous, hein. Mais on a la preuve qu’ils n’ont pas été écoutés, alors, on recommence. »

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« Ce que je raconte dans les chansons et dans les poèmes, dans les comptines, est beaucoup plus intime que ce que je raconte en interview à la télé ou sur scène. Non, ce que je pourrais raconter, ce qu’il y a de plus intime et de plus intérieur, de plus pensé, de plus choisi, c’est dans l’œuvre, c’est dans les travaux qu’on a faits, c’est dans les choses qu’on a soumises, qu’on a choisies pour le public, qu’on a cru être les plus belles et les plus importantes. Et ça, c’est le plus intime. Mais il est très rare que le public s’attarde davantage à l’œuvre qu’à l’homme. »

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« Nous sommes à la merci, nous vivons à la merci d’un cri. Nous vivons à la merci d’un éternuement. Nous vivons à la merci de la pensée de quelqu’un qui vient de se lasser de ce qu’on dit et a envie de sortir. Nous sommes à la merci d’un rien et c’est beau d’être tenu en laisse avec une laisse si fine et si forte. »

À propos de la vie et de la mort

« On est toujours en train de dire, de se nommer à l’autre pour qu’un jour – ce n’est pas être désintéressé – c’est pour qu’un jour l’autre nous nomme et nous nomme peut-être un petit peu plus tard après notre mort. C’est la plus jolie définition, pour moi, de l’immortalité, c’est de mettre une chanson ou des mots, une comptine, dans la tête d’un enfant. »

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« [Parlant du succès de l’artiste], on démêle très bien l’homme de représentation et l’homme dans la vie, et on apprend très tôt que ce n’est pas la vraie vie, que c’est une représentation que nous donnons de la vraie vie qui paraît parfois, parce qu’elle est grossie, plus vraie que la vraie vie. Mais la vraie vie est ailleurs. »

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« J’ai tellement été marqué par le cimetière où j’ai vu les noms de gens qui avaient tant travaillé, qui avaient été tant chantés, tant aimés et tant vécu de choses différentes et avec tant d’audace, et tant de vaillance, et qui n’avaient jamais vu leur nom en lettres typographiques imprimées où que ce soit. Et je me disais : “Bon, je vais les nommer”. »

À propos du sacré

« […] on est tout de suite, dans une église – si on le veut bien, si on ne s’en empêche pas, si on ne s’en prive pas – en contact avec le mystère. Parce que qu’on soit complètement athée ou qu’on soit complètement croyant ou qu’on soit entre les deux, la part de mystère est toujours là présente, et avec sa séduction, et la peur qu’elle propose aussi. »

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« […] j’ai toujours considéré qu’il y avait plusieurs sortes de foi possibles. D’abord, mon père et ma mère croyaient beaucoup, étaient très croyants, très religieux et très pratiquants, et ils m’ont donné cet exemple de faire confiance à quelque chose de plus que soi-même, que l’on s’efforce d’être. Et plus tard, j’ai écrit Celui de plus que moi que je m’efforce d’être. Eh bien, ça venait directement de ce que mon père et ma mère pratiquaient devant moi, ce dont ils me donnaient tous les jours l’exemple. »

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« […] il faut faire confiance à tout le monde. […] Ça, c’est une espèce de foi horizontale, la foi dans l’humain, dans l’humanité. Et puis, croire que l’homme va s’améliorer à tout petit pas, très doucement, mais quand même en allant vers le devant de soi-même. C’est une foi sur laquelle il y a moyen de poser… c’est un socle. Il y a moyen, après, de poser une stèle qui ressemblerait à la foi dans un au-delà ou dans l’âme, dans la résurrection, dans la foi… dans plus que soi, la foi dans le mystère. Croire sans demander explication tout de suite. »

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« Je crois que je peux dire que je crois. Le verbe “croire” a ceci de joli que, à l’indicatif présent, il rentre le verbe “croître”. Et les deux se conjuguent un petit peu de la même manière, mais c’est toujours au présent. Après ça, “je crus”, “je croirai”, “je croîtrai” ; après ça, dans le passé, ils diffèrent, dans l’avenir, ils diffèrent aussi. Mais les deux verbes, dans l’instant que nous vivons, ce présent qui est un truc à moudre du futur pour en faire du passé, c’est le petit sablier au col très, très, très mince dans lequel on a le droit de se trouver exactement entre deux éternités. »

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« Il faut scruter le fond de soi-même pour arriver à voir une lueur – on l’appelle une lueur d’espoir, ce n’est pas rien, hein, ça ne vient pas de rien. Et moi, d’ailleurs, j’avoue que j’ai eu pour moi des preuves qu’il y a autre chose de l’autre côté, des preuves que je pourrais exposer, mais non, il n’y a pas besoin : on croit ou on ne croit pas. Et si on croit, on a des chances de croître. Et il faut donner à la foi l’occasion de transformer le mot “croire” en un mot qui va plus loin et qui est “croître”. Cresco, je grandis, je m’élève, je pousse comme un arbre. »

À propos de l’identité

« Je suis un artisan, et puis, il m’arrive peut-être parfois – ce sont les gens qui vont juger ça – de devenir un artiste, mais ça commence toujours par un artisan qui met le temps de son côté et qui collabore avec lui pour essayer de dire quelque chose aux humains qui l’entourent. »

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« On ne sait jamais qui frappe à la porte, on ne sait jamais ce qu’il nous apporte, cet étranger, le voyageur, l’immigrant. Eh bien, les immigrants, il faut absolument apprendre à les accueillir, et ce n’est pas toujours facile, ce n’est pas toujours évident, on se défend au plus vite de cette peur d’être raciste. On l’est tous un petit peu, mais dans des dimensions contrôlables. »

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« Je n’ai pas le trac, mais ce n’est pas une qualité particulière, c’est comme quelqu’un qui n’a pas le vertige. Il y a des gens qui l’ont, des gens qui ne l’ont pas. Il y a des gens qui n’ont pas le mal de mer, et il y a des gens qui ont le mal de mer sur le quai. Alors moi, je n’ai pas le trac. […] je n’ai pas le trac parce que j’anticipe un plaisir, je m’en vais là comme […] je sors de la coulisse comme on va à un rendez-vous, un rendez-vous qui me plaît bien, que j’aime, que j’attends depuis longtemps, chaque fois, même si c’est depuis hier soir. Alors, c’est un rendez-vous galant. »

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« L’enfance est un pays auquel on revient toujours et dont on a constamment, toute sa vie, un tout petit peu de nostalgie. Il ne s’agit pas de devenir, avec ça, passéiste, et de ne plus traiter que du passé et de ne rien trouver d’intéressant dans l’avenir, comme disait Woody Allen : “C’est là que j’ai l’intention de passer mes prochaines années, faudrait que l’avenir m’intéresse.” Mais l’enfance contient vraiment, pour un écrivain ou pour un auteur-compositeur de chansons, contient beaucoup, 90 % de tout ce qu’on aura à dire dans la vie, parce que l’enfance nous contient aussi, contient toutes les racines dans lesquelles l’arbre écrivain, l’arbre conteur, l’arbre vivant bavard, puise ses histoires, ses sucs et tout son tellurique. »

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« […] aujourd’hui, je serais plus porté à célébrer le nom de Vigneault porté par mon père, mon grand-père et la façon dont ils l’ont porté que la façon dont je porte le leur. La façon dont ils l’ont porté était au moins aussi importante, sinon davantage, que la façon dont je le porte. Et c’est pour nommer tout cela que j’écris encore. Et il reste encore des choses à dire là-dessus. »

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« Oui, ça peut être lassant d’être pris pour quelqu’un d’autre que soi […]. Vous savez, sur quelqu’un d’un peu connu, où que ce soit dans le monde, il y a toujours une espèce d’aura de mystère, que les gens qui connaissent cette personne établissent eux-mêmes. Alors les gens nous créent des mythologies auxquelles nous n’avons rien à faire, dont nous n’avons rien à faire, d’ailleurs, parce que c’est le vedettariat. »

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« Je suis plus fier de mon père que mon père était fier de moi. »

À propos du bonheur

« […] il y a des choses comme ça, ce sont des petits bonheurs qu’on collectionne au cours du temps, au cours des âges, de ses âges personnels, et qui font, à la fin, qu’on a été heureux, mais la plupart du temps, qu’on ne s’en est pas aperçu. “Si vous courez après le bonheur”, disait Yvon Deschamps, “le bonheur, il se sauve, il disparaît, on ne peut pas l’attraper”, et le bonheur va à la porte et dit : “Mais ces gens-là sont heureux, je n’ai pas d’affaire ici, je vais aller voir des gens malheureux !” »

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« Et je dois vous dire que ce que je fais avec le plus de bonheur aujourd’hui, c’est vraiment d’écrire des chansons pour les enfants parce qu’il y a là une ouverture sur demain et même sur après-demain qui ne se remplace nulle part ailleurs et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Une ouverture… la permission d’écrire sur de la cire vierge. […] C’est ce qu’il y a de plus précieux. Et c’est ce qu’il y a, quand on le fait bien, quand on le réussit, de plus utile au monde. »

À propos de l’amour

« On dit toutes sortes de choses, mais les chansons les plus engageantes au monde sont des chansons d’amour ! “Êtes-vous un poète engagé ?”, nous demande-t-on souvent. “Oui !” “Et vous avez écrit quelles chansons pour ça ?” “Ah, des chansons d’amour !” Et tous les écrivains, tous les poètes, tous les chansonniers en ont écrit, des chansons d’amour. On fait des romans d’amour, on fait des poèmes d’amour. Et c’était, dans tous les cas, ce qui les engageait le plus au monde. C’est un engagement direct, solennel, grave et signé ! Ça, c’est de l’engagement, monsieur ! Alors que le pays, c’est s’engager au nom de tout le monde, on s’engage autrement. »

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« Il faut chanter l’amour avec tout son être et tout son cœur. Autrement, ce n’est pas vrai. Il faut chanter l’amour comme si c’était chaque fois, toujours, pour tous les auteurs, pour tous les compositeurs, le seul au monde qui va être éternel, on l’éternise en le chantant, on l’immortalise un petit peu en le chantant. »

À propos du temps

« […] le passage du temps, c’est une obsession, une hantise. C’est une espèce d’ectoplasme qui est toujours là. C’est un fantôme, je dirais, une ombre, un nuage qui est toujours derrière moi ou au-dessus de moi. En venant ici, je passe devant un grand, grand cimetière, je dis à Pierre, tout à l’heure : “Y a bien du mort ici !” Et puis, tantôt, ce sera notre tour. Un jour, ce sera notre tour. Et le temps me fait toujours l’impression d’être quelque part vraiment sur un point, sur un segment de l’arc, et de passage. De passage. Nous sommes de passage dans notre manière, dans notre vie, dans toutes nos actions, et nous ne sommes déjà plus les mêmes, nous deux, que ceux qui étaient là à discuter tantôt. Nous changeons, nous sommes en changement continuel. Et, par ailleurs, à l’intérieur, nous jouissons d’une certaine permanence […]. »

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« Ah, vous avez voulu mesurer l’éternité. Alors, vous n’avez réussi à mesurer que le temps, et encore ! Même l’horloge atomique, au regard de l’éternité, elle est… elle doit être fausse au bout de quelques millénaires. »

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« Le respect du passé ne m’empêche pas du tout d’avoir le respect des perspectives d’avenir et d’avoir envie du futur et d’être curieux du futur. Et ça ne fait pas de nous des passéistes, ça ne fait pas, non plus, des futuristes. Ça fait simplement des gens qui vivent le présent avec une certaine rigueur, une certaine densité, avec des intentions. »

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« Je ne suis pas allé chez le tailleur pour prendre mes mesures pour la postérité… »

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« Le temps nous presse jamais pour dire, le temps presse parfois pour se taire. »

À propos de la société

« Moi, je dis volontiers que la violence, c’est un manque de vocabulaire. La plupart du temps, les gens violents [ne sont] pas arrivés… n’ont pas réussi à s’exprimer autrement, à s’exprimer avec des mots ou avec des cris, ou des fois – c’est très québécois ou polonais -, avec des jurons, avec des sacres. »

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« Quand toutes nos chansons n’ont pas réussi [à faire un pays]. Je ne suis pas le seul à avoir écrit Mon pays. Léveillée en a écrit un, Charlebois en a écrit un, Félix en a écrit 15… Et moi, pour ma part, j’ai écrit Les gens de mon pays, Gens du pays, Le temps qu’il fait sur mon pays, La chanson des quatre pays, Il me reste un pays… J’ai un pays à creuser, à construire, Le pays que je veux faire. Je continue, non, bien, tu sais. Bien oui, je continue. Bien voilà. Je continue. Pourquoi ? Je m’ennuie d’un pays parce que je m’ennuie d’un pays qui sera ! À travers tout ça, il faut entretenir quoi ? La foi. La foi en soi-même, la foi dans les autres, la foi dans un pays, la foi dans les enfants. »

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« On a l’impression que les gens, à cette époque [les années 1970], avaient ouvert leur porte personnelle et intérieure sur un chemin qu’ils n’avaient pas vu avant et, quand la grosse période a été passée et que René [Lévesque] est arrivé, on a l’impression que les gens qui avaient assisté au spectacle, et les gens qui l’avaient donné, dans certains cas, se sont dit :“Ah bon, ouf ! Bon ! Nous autres, on a fait notre bout, maintenant, que la politique fasse le sien.” »

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« On peut trouver autour de soi, dans son enfance, tout ce qu’il y a à dire pour décrire l’humanité, ses chagrins, ses joies, ses peines, ses problèmes et ses solutions. Je crois qu’on peut tout trouver ça autour de soi, parce que l’humanité, elle est autant dans un village que dans un quartier de la ville. Et, hélas, elle est la même partout, j’en ai peur. Il n’y a pas de bons sauvages comme en rêvait Jean-Jacques Rousseau… il y a de l’humanité. »

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« [Les gens de Natashquan] étaient des gens qui aimaient beaucoup travailler, qui étaient travaillants… Des travailleurs de la mer. Et ces gens-là étaient heureux d’une façon qu’on connaît mal aujourd’hui, puis ils auraient été si heureux de gagner leur vie et d’avoir des résultats plus heureux dans la vente de leur poisson parce qu’ils travaillaient fort. »

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« Nous avions, à l’époque, une sécurité incroyable comme enfant, la sécurité que les enfants d’aujourd’hui ont beaucoup moins. Nous étions assurés que nos parents ne se laisseraient jamais. Et ça, ça correspond à une police d’assurance sur la vie, sur le bonheur, incroyable aujourd’hui, extrêmement rare et extrêmement difficile à obtenir aujourd’hui. Les enfants de tout le village – pas seulement nous – étaient sûrs que leurs parents s’aimaient, que leurs parents les aimaient et qu’ils ne se laisseraient jamais. Ça correspond à une sécurité pas croyable, ça ! »

À propos de l’échec

« Et l’ambition, c’est un moteur qui s’emballe, c’est très mauvais pour le chauffeur, hein, aussi. Mais un moteur qui dure, qui est solide et qui part quand on lui demande, qui s’arrête quand on le demande aussi et qui a des freins, eh bien, c’est précieux, alors qu’un moteur qui s’emballe, c’est dangereux, c’est l’ambition fait ça, des fois. […] le gros risque, c’est celui de se prendre pour son affiche parce qu’on nous affiche avec une grosse tête. C’est dangereux, ça. […] Et vous savez, c’est avec les reproches, les remarques, les remontrances, les échecs qu’on apprend le plus. On tire beaucoup plus d’expérience des critiques, quelles qu’elles soient, justifiées ou non, que des compliments. À tous coups ! »

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