En 2012, inspiré par les événements socio-politiques de ce qu’on appelle maintenant Printemps Érable, j’ai composé Brûlot de printemps pour Magnitude6 (quintette de cuivre et percussion).
Je me suis imposé plusieurs contraintes afin de clarifier mes idées, de leurs donner une direction. Tout d’abord, la mélodie. Celle-ci est un calque direct du slogan entendu lors des manifestations : «La loi spéciale . . … On s’en câlice . . …» L’intervalle important ici est la tierce mineure descendante (prenons mi-do# par exemple). Toutes les mélodies de toutes les sections ont été élaborées à partir de variations de ce thème.
Ensuite, afin de démontrer la différence de discours entre celui du premier ministre et celui de la partie du peuple s’y opposant, j’ai essayé de donner des personnalités aux différentes parties. Il y a un donc un contraste marqué entre la mélodie de la trompette 1 (qui dépeint le représentant du gouvernement faisant la sourde oreille et sifflant comme une serin) et le reste de l’ensemble (qui représente en quelque sorte, la grogne de la population manifestant pour faire entendre ses revendications.)
À l’image de la turbulence du printemps, c’est une pièce qui brasse.
Les musiciens de Magnitude6 sont des virtuoses consommés :
Thierry Champs, Trompette
Frédéric Demers, Trompette
Frédéric Lapointe, Batterie
Laurence Latreille-Gagné, Cor
Samuel Lalande-Markon, Tuba
Simon Jolicoeur-Côté, Trombone
« J’pense qu’on vit toujours avec le doute. On va toujours vivre avec le doute. C’est juste que… tu peux marcher du côté lumineux du doute qui va t’apporter ben, ben, ben des questionnements pis des interrogations intéressantes. Pis si tu marches du côté obscur du doute, c’est autodestructeur, tsé, où sa paralyse, tu fais rien, tu veux pas rien dire. Moi, j’viens d’une génération, on était pauvre. […] Mais la plus grande pauvreté, c’était de dire “on peut pas l’faire”, “on n’a pas le droit d’parole”, “on est mieux d’se taire”, “on va prendre not’ trou”, “on n’a pas d’affaires icitte”… Ça! C’est la pauvreté. »
– Richard Séguin en entrevue avec la Fabrique Culturelle
On peut écouter la capsule complète ici
http://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/6941/la-source-des-mots-richard-seguin
À la prochaine génération d’artistes
Nous nous trouvons dans une période trouble et imprévisible.
Des horreurs du Bataclan, aux bouleversements en Syrie, à la tuerie de San Bernardino, nous vivons dans une époque de confusion et de douleur. En tant qu’artistes, créateurs et rêveurs de ce monde, nous vous demandons de ne pas être découragés par ce que vous voyez mais plutôt de vous servir de vos vies, et par extension de votre art, comme moyen de propagation de la paix.
Bien qu’il soit vrai que les problèmes auxquels le monde fait face sont complexes, y répondre par la paix est simple : ça commence par soi-même. Vous n’avez pas besoin de vivre dans un pays du tiers-monde ou de travailler pour une ONG pour faire une différence. Chacun de nous a une mission qui lui est propre. Nous sommes les pièces d’un casse-tête géant et changeant, où la plus petite des actions de l’une d’elles affecte profondément chacune des autres. Vous êtes importantes, les gestes que vous posez sont importants, votre art est important.
Nous souhaitons préciser que bien que cette lettre ait été écrite avec un auditoire artistique en tête, ses idées transcendent les classes professionnelles et s’appliquent à tous et toutes, indépendamment de la profession.
Nous ne sommes pas seuls. Nous n’existons pas seuls et nous ne pouvons créer seuls. Ce dont ce monde a besoin est un éveil humaniste mu par un désir d’améliorer les conditions de vie de tous et toutes; un lieu où nos actions prennent racine dans l’altruisme et la compassion. Vous ne pouvez vous cacher derrière une profession ou un instrument : vous devez être humain. Appliquez-vous à devenir aussi bon humainement que possible. Par ce processus, vous découvrirez une riche source d’inspiration prenant ses fondements dans le fait complexe et étrange de notre simple existence sur cette planète. À ce titre, la musique n’est qu’une goutte dans l’océan de la vie.
Le monde a besoin de nouvelles voies. Ne vous permettez pas d’être détournée par une rhétorique bon marché, de fausses croyances et illusions dictant comment votre vie doit être vécue. C’est à vous d’être les pionniers. Que ce soit par l’exploration de nouveaux sons, rythmes et harmonies, ou par des collaborations, processus et expériences inattendues, nous vous encourageons à abandonner la répétition sous toutes ses formes et répercussions négatives. Visez à créer de nouvelles actions, musicalement comme sur le chemin de votre vie. Ne vous conformez jamais.
L’inconnu requiert une improvisation émergeant sur le coup ou encore un processus créatif offrant un potentiel d’expression et d’épanouissement sans pareil. Il n’y a pas de répétition générale pour la vie, car la vie elle-même est la vraie répétition. Chaque relation, obstacle, interaction, etc. est une répétition préparant à la prochaine aventure de la vie. Tout est interrelié. Tout peut servir. Rien n’est jamais perdu. Entretenir ce genre de pensée requiert du courage. Soyez courageuses et ne perdez pas votre faculté d’émerveillement et d’égard pour ce monde merveilleux qui nous entoure.
Nous nous faisons une idée de l’échec, mais elle n’est pas vraie; c’est une illusion. Il n’y a pas de chose telle que l’échec. Ce que vous percevez comme un échec est, en fait, une nouvelle opportunité, un nouveau jeu de cartes, un nouveau canevas sur lequel créer. Dans la vie, les possibilités sont infinies. Les mots « succès » et « échec » ne sont rien de moins que des étiquettes. Chaque moment recèle une opportunité. Vous, en tant qu’être humain, n’avez pas de limite, donc il existe des possibilités infinies en toute circonstance.
Le monde a besoin de plus d’interactions « un à un » entre des gens d’origines diverses dialoguant de sujets tels que l’art, la culture et l’éducation. Nos différences sont ce que nous avons en commun. Nous pouvons créer un endroit ouvert et pérenne où tous peuvent partager idées, ressources, attention [toughtfulness] et gentillesse. Nous devons créer des liens avec tout un chacun, apprendre de tout un chacun et expérimenter la vie avec tout un chacun. Nous ne pourrons jamais établir la paix sans la compréhension de la douleur résidant dans le cœur de chacun. Plus nous interagirons, plus nous réaliserons que notre humanité transcende nos différences.
L’art sous n’importe quelle forme offre un moyen d’établir un dialogue, ce qui fait donc de l’art un outil puissant. Il est temps pour le monde de la musique de créer des histoires sonores évoquant les mystères de notre humanité. Quand nous parlons des mystères de notre humanité, nous voulons dire réfléchir et remettre en question les peurs qui nous empêchent de découvrir la source infinie de courage reposant en chacun de nous. Oui, vous avez ce qu’il faut. Oui, vous êtes importante. Oui, vous devriez continuer.
L’arrogance peut se développer chez les artistes, entre autres chez celles et ceux qui croient que leur statut les rend plus importants, ou encore chez celles et ceux qui pensent qu’évoluer dans un certain milieu artistique leur permet d’exercer sur les autres une sorte de supériorité. Faites attention à l’égo : la créativité ne peut surgir quand seul l’égo est comblé.
Il y a dans le domaine médical une organisation nommée Médecins sans frontières. Cet effort louable peut servir de modèle pour transcender les limites et stratégies de vieilles formules d’affaires consistant à perpétuer les anciens systèmes aux dépens des nouveaux. Nous nous adressons directement au système en place, un système qui conditionne les consommateurs à acheter les produits qu’on dicte comme étant vendables, un système où l’argent est seulement un moyen d’obtenir une fin. L’industrie de la musique est une fraction de l’industrie de la vie. Vivre selon une intégrité créatrice peut engendrer des bienfaits jamais entrevus.
Vos ainées peuvent vous aider. Ils et elles sont une source de richesse à l’état de sagesse. Ils et elles ont traversé tempêtes et peines d’amour; laissez leurs combats devenir des lumières qui éclairent votre chemin dans le noir. Ne perdez pas de temps à répéter leurs erreurs. À la place, apprenez de ce qu’ils ont fait et catapultez-vous dans la construction progressive d’un monde meilleur pour la progéniture à venir.
En vieillissant, certaines parties de notre imagination ramollissent. Que ce soit causé par la tristesse, une lutte incessante, ou encore un conditionnement social, il arrive qu’en chemin l’on oublie la façon d’accéder à la source de magie inhérente à notre esprit. Ne laissez pas cette partie de votre imagination s’estomper : regardez les étoiles et imaginez l’émotion que vous auriez en tant qu’astronaute ou pilote; imaginez-vous explorant les pyramides ou le Machu Picchu; imaginez-vous volant comme un oiseau ou traversant un mur comme Superman; imaginez-vous courant avec les dinosaures ou nageant telles des créatures marines. Tout ce qui existe est le fruit de l’imagination de quelqu’un; choyez et entretenez la vôtre, et vous serez en permanence sur le précipice de la découverte.
Vous vous demandez « comment tout ceci peut nous mener à une société paisible. » Ça commence par une visée. Votre visée a pour effet de façonner votre future et celui de celles et ceux qui vous entourent. Soyez les leaders du film de votre vie. Vous êtes la réalisatrice, la directrice et l’actrice. Soyez audacieuses et faites preuve d’une compassion incessante tout en dansant dans le voyage que représente cette existence.
Traduction libre S. Picard
Source : http://nesthq.com/wayne-shorter-herbie-hancock-open-letter/
On parle de Gloria dans La Tribune.
«Si on voulait qualifier le travail du compositeur et guitariste de jazz Sylvain Picard, on pourrait parler d’audace, d’inspiration, de poésie… »
Gloria
Ensemble Sylvain Picard
Sylvain Picard – compositions et guitare
Yannick Rieu – saxophones ténor et soprano
Maxime St-Pierre – trompette et bugle
Guy Boisvert – Contrebasse
Concert
Mardi 22 mars, 20h
Le Théâtre Centennial
Billets : http://tinyurl.com/z27x486
Une critique de Gloria dans le Journal Le Mouton Noir (par Jacques Bérubé)
« Sylvain Picard est l’un des secrets les mieux gardés du jazz au Québec. Et comme le jazz au Québec relève parfois lui-même du secret, notre type, guitariste compositeur de son état, commence à être difficile à tracer. Bien sûr, la présence d’un bon et grand festival de jazz en cette cité — dite du bonheur — de Rimouski pourrait aider à la découverte, mais… pas t’encore.
MÈCHE ALLUMÉE
J’ai connu Sylvain Picard par l’album de son trio, Airs à faire frire, librement inspiré de la suite Airs à faire fuir d’Erik Satie et saluant tout autant son professeur de kung-fu que Saint-Exupéry et les réalisateurs de films expérimentaux. Une belle trouvaille qui rappelait au vieux rocker que je suis une certaine époque de King Crimson mais aussi la musique bigarrée dite « jazz blanc » des Terje Rypdal et autres Abercrombie de l’écurie ECM.
La dernière œuvre de Sylvain Picard, Gloria, a été produite par Note Musik de Rimouski. La composition et l’enregistrement —impeccable! — de Gloria découlent d’une commande de « messe jazz de rite catholique romain » reçue de l’église du Gésu, qui est aussi une salle de production culturelle, de Montréal. Mais attention, ce n’est pas un disque pour grenouilles de bénitier, et les amateurs de belle musique, mécréants compris, y trouveront leur compte. C’est un album concept défini par son compositeur comme « une suite jazz luxuriante de dix films pour l’oreille jouée par quatre musiciens complices ». Outre Sylvain Picard à la guitare et à la composition, les autres célébrants — ceci était ma dernière allusion cléricale — sont Yannick Rieu aux saxophones, Maxime St-Pierre à la trompette et au flugelhorn et Guy Boisvert à la contrebasse. Belle brochette!
Oui, les titres réfèrent à une messe : Kyrie, Agnus dei, Offertoire, Psaume, Action de grâce, etc., mais j’oserais dire que ce sont là les seules références à l’église. Dans le livret, Sylvain Picard parle de l’une de ses intentions de création — pour la pièce Alléluia — : « dépeindre musicalement l’émotion vivifiante que l’on ressent en contemplant les jeux d’ombre et de lumière dans les feuilles, les fleurs et les fruits d’un arbre luxuriant. »
Ça coule, ça transporte, ça touche, ça atteint son but. Nous sommes avec Gloria en contact intime avec une grande œuvre musicale, recherchée et très inspirée. C’est d’ailleurs probablement dans ce dernier qualificatif que réside sa connotation la plus spirituelle. »
https://www.facebook.com/Sylvainpicardelixirmusiques/photos/a.456806561038026.134160.179808362071182/1039170096135000/?type=3&theater
On peut écouter la musique et découvrir la genèse du projet ici : Gloria
En soirée d’ouverture du phénoménal Festival Phénomena, se retrouvait Céphalopodes, orchestre tentaculaire mené de mains de maître par le pirate sonore René Lussier. L’idée derrière le projet était d’abord une analogie entre le céphalopode et « les réseaux tentaculaires qui s’insinuent au cœur de nos sociétés pour y étouffer l’idée même de liberté. » Pari relevé avec brio!
Les univers sonores de René Lussier nous enveloppaient et nous faisaient voyager de paysage onirique en paysage onirique. La musique suggérant tantôt les fonds marins, tantôt une poursuite surréelle, tantôt la vie amoureuse de deux bêtes océaniques… Les musiciens ont eu tour à tour eu leur occasion de briller, et cela, toujours au service du propos.
Livrés avec une joie féroce toute en retenue par Paule Marier et Stéphane Crête, les textes étaient tout simplement jouissifs.
Même si nous avons passé un bon moment, même si le spectacle nous a fait un bien fou, l’œuvre a ouvert une lézarde dans nos limites en nous imposant, par sa seule essence, l’obligation de la conscience et de la réflexion. Un spectacle tonique! Du grand art, à consommer… sans modération!
Vendredi 16 octobre 2015, La Sala Rossa
René Lussier: guitare électrique, chef; Stéphane Crête: textes; Paule Marier: textes; Marie Bernard: ondes Martenot; Julie Houle: tuba; Pierre Langevin: clarinettes; Nancy Tobin: souffle; Stefan Schneider: batterie
Merci à toi qui es venu au concert lancement de Gloria (de corps et/ou d’esprit sans exclure la possibilité d’autre chose). Vendredi dernier, dans la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, ton écoute était si affable que même les mouches étaient gênées de battre des ailes… tandis que les sourires volaient en essaim pendant que les sons défilaient en carrousel entre les bateaux ex-voto de la chapelle.
Merci d’avoir été là, à ta façon
Ému d’avoir fêté en ta généreuse, bienveillante et gripette présence
Ravi d’avoir partagé ce moment entre les crevasses du temps ensemble
Content d’avoir cueilli les fruits du silence avec toi
Imagine, après le calme suspendu dans l’œil du cyclone, un orage de fruits…
• Daniel LeBlond, s.j. pour sa confiance et la possibilité de créer cette œuvre
• Yannick Rieu, Maxime St-Pierre et Guy Boisvert pour votre générosité et votre talent : maudit que vous êtes bons !
• Adrian Vedady d’avoir contribué à établir les fondations du projet
• Robert Heaney mon « Bobby Knobs » ! pour les heures à faire de la cuisine sonore ensemble
• Mathieu Dulong et Harris Newman pour le son si bon
• Enrique Uranga, maître de l’intangible pour tes sacrées belles photos – www.uranga.ca
• Wai-Yin Kwok pour ton soucis du détail et la tournure juste en chinois traditionnel
• Senor Chuck Hobson pour ton amitié et tes corrections de mon anglais
• Bernard Thériault (Note Musik) pour ta confiance
• Annie Cantin (Outside Music) pour tes encouragements
• Simon Fauteux et Larissa Souline de SIX media marketing vous assurez rare!
• TAZ qui m’a aidé à garder le cap par vents fous
• Toute la famille et les amiEs, connuEs ou à connaître, qui ont acheté le disque en pré-vente : merci d’y avoir cru ! Vous m’avez donné de l’énergie
• L’équipe de la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours : Diane, Line, Sébastien et Félix
• Merci à la La Face Cachée de la Pomme pour les Bulles de Neige (cidre mousseux) et le Neige (cidre de glace) – www.lafacecachee.com
Salut, salut !
J’espère que tu vas bien en cette période de cueillette de pommes et de festives couleurs d’automne. Moi, j’ai tellement de papillons dans l’estomac à l’idée de lancer Gloria ce soir, que j’ai failli m’envoler de ma chaise tout à l’heure… Ha haaa! Tu vois ça d’ici…
D’ailleurs, viens donc faire ton tour! Si on se fie à cette critique, c’est de se faire un cadeau que d’y aller. En tout cas, moi et mes potes Yannick Rieu, Maxime St-Pierre et Guy Boisvert on y sera, et en pleine forme!
Si tu ne peux pas t’y rendre, selon l’auteur de ce blogue, ce n’est pas grave car « Gloria de Sylvain Picard est comme une messe très cool que l’on aura envie de célébrer pour les siècles des siècles. » Mais ça me ferait quand même plaisir de t’y voir.
Il y a des billets ici, à l’incontournable boutique l’Oblique et sur place.
Au plaisir de prendre le temps ensemble
Vendredi 25 septembre 2015 à 19h30
Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours
400, rue Saint-Paul Est
Vieux-Montréal (Québec) H2Y 1H4
(métro Champ-de-Mars)
Billets
19h30 – ouverture des portes
20h00 – concert
21h30 – cocktail de bulles de neige et
vernissage d’Enrique Uranga
« Gloria de Sylvain Picard est comme une messe très cool que l’on aura envie de célébrer pour les siècles des siècles. »
GLORIA – Lancement d’album & concert
Vendredi 25 septembre 2015 à 19h30
Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours
400, rue Saint-Paul Est
Vieux-Montréal (Québec) H2Y 1H4
Billets
http://sylvainpicard.com/billets