25 mai 2012

Pensées du vendredi : les assoiffés du mieux-être (Refus global)

«Son pouvoir transformant [celui du peuple, dans ce cas-ci] se mesure à la violence exercée contre lui.»

«Les forces organisées de la société nous reprochent notre ardeur à l’ouvrage, le débordement de nos inquiétudes, nos excès comme une insulte à leur mollesse, à leur quiétude, à leur bon goût pour ce qui est de la vie (généreuse, pleine d’espoir et d’amour par habitude perdue.) 

«Ils [les hommes au pouvoir] se désavouent à salaire fixe, plus un boni de vie chère, à l’organisation du prolétariat ; ils ont mille fois raison. L’ennui est qu’une fois la victoire bien assise, en plus des petits salaires actuels [!], ils exigeront sur le dos même du prolétariat, toujours, et toujours de la même manière, un règlement de frais supplémentaires et un renouvellement à long terme, sans discussion possible.»

«Hier nous étions seuls et indécis.

Aujourd’hui un groupe existe aux ramifications profondes et courageuses ; déjà elles débordent les frontières.

Un magnifique devoir nous incombe aussi : conserver le précieux trésor qui nous échoit. Lui aussi est dans la lignée de l’histoire.
[…]
Ce trésor est la réserve poétique, le renouvellement émotif où puiseront les siècles à venir. Il ne peut être transmis que TRANSFORMÉ [en majuscule dans le texte], sans quoi c’est le gauchissement.

Que ceux tentés par l’aventure se joignent à nous.

Au terme imaginable, nous entrevoyons l’homme libéré de ses chaînes inutiles, réaliser dans l’ordre imprévu, nécessaire de la spontanéité, dans l’anarchie resplendissante, la plénitude de ses dons individuels.

D’ici-là sans repos ni halte, en communauté de sentiment avec les assoiffés d’un mieux-être, sans crainte des longues échéances, dans l’encouragement ou la persécution, nous poursuivrons dans la joie notre sauvage besoin de libération.»

Le Refus Global, Paul-Émile Borduas 1948

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