18 juin 2011

Ce soir aux francos : Patrice Michaud et les douze hommes rapaillés

Patrice Michaud et son alchimie des formes géométrique opère ici dans Le triangle des Bermudes [bandcamp track=2397352831  bgcol=FFFFFF linkcol=4285BB size=venti]

On peut acheter des billets ici.

Martin Léon au service du génie de Miron le magnifique, de la musique organique de Gilles Bélanger et des arrangements de Louis-Jean Cormier [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=iNNfgmTgmcs]

Gaston Miron
L’art Poétique

J’ai la trentaine à bride abattue dans ma vie
je vous cherche encore pâturages de l’amour
je sens le froid humain de la quarantaine d’années
qui fait glace en dedans, et l’effroi m’agite

je suis malheureux ma mère mais moins que toi
toi mes chairs natales, toi qui d’espérance t’insurges
ma mère au cou penché sur ton chagrin d’haleine
et qui perds gagnes les mailles du temps à tes mains

dans un autre temps mon père est devenu du sol
il s’avance en moi avec le goût du fils et des outils
mon père, ma mère, vous saviez à vous deux
nommer toutes choses sur la terre, père, mère

j’entends votre paix
se poser comme la neige…

Louis-Jean Cormier, comme un seul homme, interprète la grandiose La route que nous suivons [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=3Sp-Q8ARaic]

Gaston Miron
La route que nous suivons

À la criée du salut nous voici
armés de désespoir

au nord du monde nous pensions être à l’abri
loin des carnages de peuples
de ces malheurs de partout qui font la chronique
de ces choses ailleurs qui n’arrivent qu’aux autres
incrédules là même de notre perte
et tenant pour une grâce notre condition

soudain contre l’air égratigné de mouches à feu
je fus debout dans le noir du Bouclier
droit à l’écoute comme fil à plomb à la ronde
nous ne serons jamais plus des hommes
si nos yeux se vident de leur mémoire

beau désaccord ma vie qui fonde la controverse
je ne récite plus mes leçons de deux mille ans
je me promène je hèle et je cours
cloche-alerte mêlée au paradis obsessionnel
tous les liserons des désirs fleurissent
dans mon sang tourne-vents
venez tous ceux qui oscillent à l’ancre des soirs
levons nos visages de terre cuite et nos mains
de cuir repoussé burinés d’histoire et de travaux

nous avançons nous avançons le front comme un delta
« Good-bye farewell ! »
nous reviendrons nous aurons à dos le passé
et à force d’avoir pris en haine toutes les servitudes
nous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir


MIRON, Gaston, L’Homme rapaillé, Montréal, l’Hexagone, 1994

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest