C’est ce soir 20h qu’aura lieu le Cabaret Pas Tranquille. J’y prendrai part au sein du quatuor du pianiste-compositeurr Yves Léveillé.
Le Cabaret Pas Tranquille se tiendra à la Grande Bibliothèque (475, boulevard De Maisonneuve Est Montréal (Québec) H2L 5C4) : Achat de billet
N’est-elle pas mal nommée la Révolution tranquille? Si les profondes transformations de la société québécoise lors des années soixante se sont faites sans guerre civile, l’époque fut pourtant marquée d’une explosion littéraire sans pareil, de mots-canons, de mots manifestes, armés d’un nouvel esprit, chargés d’urgence et de nécessité et portés par une contre-culture revendicatrice. C’était le temps d’une effervescence culturelle époustouflante, poursuivie dans les années soixante-dix, qui trouve encore un écho, si ce n’est même une vive actualité, aujourd’hui.
Pour son ouverture, le FIL présente les meilleurs moments du Cabaret pas tranquille, un spectacle mémorable d’une durée dithyrambique de six heures en version originale, présenté une seule fois à la Grande Bibliothèque lors de la dernière « Nuit Blanche » à Montréal. Signé par la direction artistique et l’animation d’Olivier Kemeid, le spectacle nous plonge dans la fureur de vivre de l’époque, à travers des lectures et chansons interprétées avec fougue et intensité par une quinzaine de comédiens, auteurs, chanteurs et performeurs.
Les faisant renaître sur scène, Céline Bonnier et Alexis Martin incarnent André et Nicole Ferron de L’hiver de force de Réjean Ducharme, Evelyne de la Chenelière entreprend les mots beaux et sombres d’Une saison dans la vie d’Emmanuel de Marie-Claire Blais et Stéphane Crête s’en prend sans détour au lyrisme cru de Michel Garneau. Les mots des Yvon, Gauvreau, Miron et Godbout ne sont pas non plus laissés en reste, ni les chansons de Pauline Julien, du Grand Cirque Ordinaire, de Gilles Vigneault ou encore de Clémence Desrochers, mais c’est aussi l’occasion pour des auteurs tels que Catherine Lalonde ou Lise Vaillancourt de livrer leur propre réponse à l’époque et à ce qu’elle a engendré.
Bien au-delà de la nostalgie, le Cabaret pas tranquille fait sentir l’impact historique et contemporain d’une littérature engagée et contestataire, gonflée d’un désir de changement. Un rappel incontournable de la richesse contre-culturelle québécoise venue d’une époque pas si lointaine, pour raviver la mémoire et transmettre un souffle d’inspiration, grâce à un spectacle qui permet de retrouver ou de découvrir un florilège de paroles des plus essentielles.